Entretien avec Mathilde Poitevineau, directrice du GEA
Depuis 2006, Mathilde Poitevineau est à la tête du GEA qui est implanté sur la commune de Léognan et intègre trois groupements d’employeurs : Gironde Emploi Agricole, un groupement spécialisé dans la viticulture, Groupement d’Employeurs Aquitain qui est multisectoriel et GECAB qui concerne les commerçants de Bordeaux.
Diplômée de Sciences Po Bordeaux, M. Poitevineau intègre le GEA en 2005, dès la fin de ses études, et en devient la directrice un an plus tard. « À l’époque, je ne connaissais pas ce secteur d’activité, mais ce fut une réelle opportunité, car, par sa polyvalence, ce métier est extrêmement intéressant. »
Une nouvelle façon d’employer : le temps partagé
« À l’origine, le GEA a été créé en 1996 à l’initiative de jeunes chefs d’entreprise désireux de tester une nouvelle forme d’emploi par le biais du temps partagé. Si la réflexion initiale portait principalement sur la problématique du personnel saisonnier, elle s’est étendue ensuite à d’autres types d’emplois et à d’autres secteurs d’activité. Le principe est le suivant : un salarié est mis à la disposition de plusieurs entreprises et partage donc son temps entre elles, à la semaine ou à l’année », nous explique M. Poitevineau.
Même s’il travaille pour plusieurs entreprises, le salarié ne dispose que d’un seul employeur : le GEA. C’est un avantage en terme administratif, bien sûr, mais aussi en terme de sécurité de l’emploi : le salarié peut en effet bénéficier d’un CDI et partager son activité entre plusieurs établissements.
Pour les entreprises, le bénéfice est également important, puisqu’elles s’appuient sur la compétence du GEA en matière de recrutement et sont libérées de toutes les démarches administratives (déclarations, contrats, bulletins de salaire) ou d’encadrement. Par ailleurs, cette nouvelle forme d’emploi induit une fidélisation du personnel saisonnier ou à temps partiel, et donc, un gain de temps en recrutement et formation.
Des secteurs d’activité variés concernés
Gironde Emploi Agricole est une association spécialisée dans le secteur viticole. « Nous avons 70 châteaux adhérents, dans l’appellation Pessac-Léognan et dans le Saint-Émilion. Nous employons entre 100 et 700 salariés selon les saisons, ce qui équivaut à environ 140 temps pleins. »
Concernant le Groupement d’Employeurs Aquitain, la dominante sectorielle est l’industrie et les métiers concernés sont variés : Préparation de commande, opérations de production, assistance administrative, comptabilité, qualité, etc. « Nous employons dans ce secteur une trentaine de salariés mis à la disposition de 20 entreprises adhérentes. »
Enfin, le GEA a repris en 2009 la gestion du Groupement des Artisans et Commerçants de Bordeaux (GECAB), association de commerçants qui se sont regroupés pour mutualiser leur personnel. Les métiers concernés sont essentiellement des vendeurs, des comptables ou des agents d’entretien.
Une structure à taille humaine, polyvalente
7 personnes constituent le personnel du GEA sur trois établissements :
À Léognan se trouvent M. Poitevineau ainsi que trois de ses collaboratrices : deux d’entre elles sont en charge des châteaux du Pessac-Léognan et la troisième est spécialisée dans les aspects administratifs et juridiques. Pour gérer le secteur viticole à Saint-Émilion, une autre collaboratrice est installée dans des bureaux ouverts début 2014 à Libourne. Enfin, deux autres personnes gèrent la paie et les aspects comptables.
« La particularité de notre travail est la polyvalence qu’il exige : nous avons développé des compétences en Ressources humaines tant dans le recrutement que dans la gestion, dans le domaine juridique, dans l’audit des besoins des entreprises, dans le commerce et la communication, etc. »
Un bilan positif de 18 ans d’activité et des projets à venir
Le GEA fête cette année ses 18 ans. « Si l’on cumule les activités des 3 groupements, le CA généré par le GEA est de 4 millions d’euros HT. »
Si la mission principale du GEA est la mise à disposition de personnel, M. Poitevineau nous confie qu’elle souhaiterait profiter de l’évolution de la loi pour développer un pôle formation : « Il s’agit d’un service supplémentaire que nous pouvons offrir aux salariés dans une démarche de professionnalisation et d’évolution. »
À plus court terme, M. Poitevineau envisage de déménager dans des locaux plus grands, et de développer l’emploi de cadres. « Il est plus avantageux pour l’entreprise d’utiliser un cadre à temps partagé plutôt que de missionner un prestataire extérieur, par exemple. Le coût est moindre et, sur des projets stratégiques à long terme, le salarié s’implique plus dans l’entreprise et peut effectuer un suivi de ses missions. Cela nécessite un engagement de l’entreprise, c’est certain, mais la valeur ajoutée est évidente. La loi récente sur le temps partiel, dont la durée minimale est désormais fixée à 24 h par semaine, favorise aussi l’emploi à temps partagé puisqu’en répartissant le temps de travail entre plusieurs entreprises, cette durée est vite atteinte. »
Catherine Marqueze